SOCIOLOGIE L'émergence de l'Intelligence Open Source mardi 23 juillet 2002, par felix stalder, jesse hirsh
|
|
La production collaborative de l'information devient une pratique à part entière sur les réseaux. Ses principes généraux sont hérités de la communauté du logiciel Open Source, mais les modes de fonctionnement réels de chaque projet dépendent étroitement des systèmes techniques (listes, sites, outils d'édition et de publication) mis en place. La liste nettime, le projet Wikipedia et le site NoLogo.org révèlent trois structures sociales de collaboration différentes, déterminées par les outils utilisés.
Résumé Le mouvement Open Source a établi au cours de la dernière décennie de nouvelles approches de la collaboration, parfaitement adaptées à Internet, dans le but d'élaborer des produits informationnels de qualité. Initialement, il s'agissait surtout de développer des logiciels (GNU/Linux et Apache en sont les exemples les plus connus) mais de plus en plus souvent nous constatons que cette approche est appliquée à d'autres domaines que la programmation. L'un d'eux est la collecte et l'analyse collaborative d'informations, une pratique que nous nommons "Open Source Intelligence" [ndt : nous avons choisi de traduire l'expression par Intelligence Open Source, ou INT-OS]. Dans cet article, nous nous appuyons sur trois études de cas -la liste de diffusion nettime, le projet Wikipedia et le site web NoLogo.org- pour montrer la variété des contextes et analyser la diversité des approches socio-techniques qui constituent ce phénomène émergent. Plan
Dans le monde des services secrets, l'appellation "renseignement Open Source" (Open Source Intelligence) désigne l'information glanée dans les sources publiques telles que les articles scientifiques, les journaux, les annuaires téléphoniques et les catalogues. Nous l'employons ici différemment. Dans ce qui suit, INT-OS désigne l'application des principes collaboratifs élaborés par le mouvement du logiciel Open Source [1] à la collecte et à l'analyse d'information. Ces principes sont : l'évaluation par les pairs, l'existence d'une autorité basée sur le respect plutôt que sur les sanctions, le libre partage des productions, les degrés variables d'engagement et de responsabilité. Comme souvent sur Internet, la pratique de l'INT-OS a précédé sa théorisation. Ce fut aussi le cas pour le mouvement du logiciel libre. Beaucoup des technologies fondatrices d'Internet ont été créées afin de faciliter un partage de l'information libre et simple entre des utilisateurs placés sur un pied d'égalité. Il a donc toujours existé des fonctions de communication bidirectionnelle et multidirectionnelle pour que l'information puisse être non seulement efficacement distribuée auprès de tous mais aussi évaluée en collaboration. Les listes de diffusion par mail -le plus primaire des systèmes techniques INT-OS- fonctionnent depuis le milieu des années 1970 [2]. Dans les années 1980, les babillards (BBS), FidoNet et les serveurs de news (Usenet) ont apporté des systèmes techniques INT-OS plus sophistiqués et plus spécialisés, mis en úuvre par les utilisateurs eux-mêmes. Dans les années 1990, beaucoup de ces systèmes furent éclipsés par l'apparition du World Wide Web. Les travaux fondateurs de Tim Berners-Lee sur les standards du Web découlaient de sa vision d'une collaboration collégiale entre scientifiques éparpillés partout à travers le monde [3]. L'INT-OS compte de nombreux ancêtres qui jalonnent l'histoire d'Internet -et si l'on y ajoute la pratique de l'examen par les pairs dans le cas des publications universitaires, des ancêtres bien plus anciens qu'Internet. Cependant, une série d'événements récents autorisent à considérer désormais l'INT-OS comme un phénomène à part entière qui trouve lentement son identité propre, passant du statut de pratique "en soi" à celui de pratique "pour elle-même". La culture internet, prise dans son ensemble, a changé. L'esprit de libre partage qui la caractérisait à ses débuts est de plus en plus menacé par les grands groupes marchands qui maîtrisent, historiquement, les industries du contenu. Au lieu d'êêtre la norme, le libre partage d'information devient l'exception, en partie du fait de l'évolution du contexte légal. L'extension du champ d'application du copyright et les poursuites de plus en plus dures à l'encontre des contrefacteurs sont autant de tentatives de criminaliser la culture originelle d'internet afin d'étayer le modèle marchand, qui connaît de sérieuses difficultés pour s'imposer dans le monde numérique [4]. Dans un tout autre domaine, l'expérience accumulée lors des années d'essor puis de déclin des premiers systèmes INT-OS a donné naissance à une forme d'apprentissage social en réseau. D'innombrables listes de diffusion ont connu des cycles de croissance et de désaffection, quantité de groupes de discussion ont fleuri puis ont disparu sous le poids des comportements asociaux. Le spam est devenu problématique. Des disputes sans fin ont fait rage à propos de la censure imposée par les modérateurs, des controverses ont éclaté au sujet de la propriété des forums (sont-ils aux utilisateurs ou aux organisateurs ?), des difficultés sont apparues à chaque tentative de dégager un quelconque consensus au sein de groupes fluctuants et peu intégrés. La synthèse de ces expériences est qu'une pratique ouverte et durable de la collaboration est difficile à atteindre et que de nouvelles approches doivent être développées afin de préserver le bon équilibre entre l'ouverture et un rapport signal/bruit satisfaisant. Autrement dit, l'auto-organisation a besoin d'aide. Le champ émergent de l'INT-OS est constitué de nombreux projets indépendants les uns des autres. Chacun d'eux, comme la liste de diffusion nettime, le projet Wikipedia et le site web NoLogo.org qui sont examinés ici, a une histoire particulière qui a conduit au développement de stratégies techniques et sociales spécifiques, afin de mettre úuvre tout ou partie des principes collaboratifs hérités du mouvement Open Source.
Les principes collaboratifs dans l'Open SourceLe mode de publication universitaire avec évaluation par un comité de pairs est l'un des plus vieux ancêtres de l'INT-OS. L'Université l'a établi depuis longtemps : comme il n'existe pas d'autorité absolue, le savoir doit être validé par un processus prudent et continu de construction du consensus. Au cúur de ce processus se trouve l'évaluation des travaux de chacun par un comité éditorial de pairs, nettement préférable au jugement extérieur. Ce mode d'évaluation connaît des déclinaisons en fonction des disciplines, mais son principe de base est universel. Le consensus ne peut pas être imposé, il doit être atteint. Il est impossible de réduire au silence les voix dissidentes, sauf par le laborieux procédé de la stigmatisation. Bien entendu, tous les pairs ne sont pas égaux, toutes les voix n'ont pas le même poids. Les opinions de ceux dont la notoriété est la mieux établie dans leur spécialité pèsent plus. Comme la réputation se construit avec le temps, ces voix autorisées émanent, le plus souvent, des membres les plus solidement établis de la communauté. De ce fait, la pratique de la validation par les pairs a une tendance intrinsèquement conservatrice, en particulier dans les groupes oùù l'accès est strictement régulé comme c'est le cas au sein de l'Université, où les diplômes et les charges sont nécessaires pour rejoindre l'élite. Le point clé est que l'autorité détenue par quelques membres du groupe leur est attribuée par la communauté -ce qui peut, parfois, altérer la construction du consensus- ; ainsi, cette autorité ne peut être maintenue (facilement) contre la volonté des autres membres du groupe. Si nous reprenons la définition que donne Max Weber du pouvoir comme la capacité ´ qu'a un individu ou un groupe d'imposer sa volonté à d'autres ª [5], cela réduit significativement la possibilité que les membres établis puissent conserver le pouvoir contre l'avis commun. Eric Raymond avait cette même limite à l'esprit lorsqu'il notait que les projets Open Source étaient souvent conduits par des ´ despotes éclairés ª [6]. Ils ne sont pas éclairés parce que, d'une manière ou d'une autre, ils sont moralement meilleurs, mais parce que leur aptitude à diriger provient presqu'exclusivement de leur capacité à convaincre les autres de les suivre. De ce fait, les moyens de coercition sont très limités. Aussi, si un despote cesse d'être éclairé, c'est-à-dire s'il s'aliène ses partisans, il ne peut plus donner d'ordres. La possibilité d'exercer la contrainte est limitée non seulement parce que l'autorité est basée sur la notoriété mais aussi parce que les fruits du travail collaboratif sont à la disposition de toute la communauté. Les ressources ne sont pas thésaurisées par l'élite. Du coup, abandonner le meneur et poursuivre le développement du projet dans une autre direction -ce que l'on appelle forking dans le mouvement du logiciel Open Source- est relativement facile et constitue une menace pour les leaders en place. Le libre partage entre membres des productions de la communauté -tant dans leur forme intermédiaire que finale- garantit qu'il n'y a pas de "monopole du savoir" qui pourrait aggraver les possibilités de coercition. Le libre partage de l'information n'a rien à voir avec l'altruisme ou avec une vision sociale anti-autoritaire particulière. Il provient du fait que, dans un processus complexe d'élaboration collective, il est impossible de distinguer la matière brute qui nourrit la création du produit fini qui en résulte. Même les plus grands créateurs sont juchés sur les épaules de titans. Toute création repose sur des créations antérieures et apporte une source d'inspiration pour des créations à venir. L'utilisation et la modification de l'existant ne cessent d'étendre le champ créatif. Lawrence Lessig parle des ´ biens communs de l'innovation ª et les cite comme l'une des causes majeures du développement très rapide et innovant d'internet [7]. Il ne faut pas négliger un autre trait caractéristique de la collaboration Open Source : elle laisse une très grande latitude quant aux niveaux d'implication et de responsabilité individuels. Pour participer à un projet, les conditions d'accès sont très modestes. Des contributions valables peuvent se limiter à une intervention unique -un rapport de bug, un commentaire perspicace dans une discussion. Tout aussi important, les contributions ne se limitent pas à cela. Beaucoup de projets emploient à plein temps, souvent en les rémunérant, des contributeurs qui assurent la cohérence de certains aspects du système -comme ceux qui maintiennent le noyau, ou encore l'éditeur d'un slash site [ndt : site d'information collaboratif dont le modèle est slashdot.org]. Entre ces deux extrêmes -la contribution unique et l'employé à plein temps-, tous les degrés d'implication sont possibles et utiles. De plus, il est facile de changer son rythme de participation, dans un sens ou dans l'autre. En conséquence, les personnes impliquées prennent des responsabilités lorsqu'elles consacrent du temps à un projet et les perdent quand elles cessent d'être pleinement actives. Les hiérarchies sont fluides et basées sur le mérite, quoi que signifie mérite pour les pairs. Cela rend délicat pour les membres établis de maintenir leur position lorsqu'ils cessent de contribuer de façon significative. Dans les organisations bénévoles, c'est souvent un problème majeur dans la mesure où les collaborateurs originels se prévalent d'anciennes contributions pour maintenir leur influence plutôt que de laisser l'organisation changer et se développer. Aucun de ces principes n'a été "inventé" par le mouvement du logiciel Open Source. Cependant, ils ont été adaptés à internet et fondus en un tout cohérent où chaque principe renforce positivement les autres. La tendance conservatrice des comités de pairs est contrebalancée par la relative facilité d'accès au statut de pair ; une différence réelle avec l'Université, par exemple. Surtout, la pratique de l'Open Source a prouvé que ces principes sont une base solide pour le développement de contenus de qualité aptes à concurrencer les productions des entreprises commerciales [8].
Quelques exemples d'Intelligence Open Source< nettime > La liste de diffusion nettime a été fondée en 1995 par un groupe de producteurs culturels et d'activistes des médias lors d'une réunion à la Biennale de Venise. Comme le clame sa page d'accueil, la liste se consacre aux ´ cultures, politiques et tactiques en réseau ª [9]. Son contenu est pour l'essentiel alimenté par les contributions (posts) des membres. C'est un bon exemple de véritable communication de tous vers tous. Nettime appelle sa pratique "filtrage collaboratif de textes". Le filtre est la liste elle-même -ou, plus précisément, la capacité cognitive des personnes abonnées à la liste. La liste est constituée d'une communauté de pairs qui ont chacun la même aptitude -même si pas forcément le même intérêt- à lire et à écrire. Le processus d'évaluation par les pairs se déroule dans la liste et en temps réel. La liste fonctionne comme un système d'alerte pour la communauté, un dazibao où l'on trouve aussi bien des textes transférés (forwarded texts) que de nombreux originaux et, tout aussi important, elle fait aussi office de média alternatif. Cette dernière fonction a joué un rôle prééminent durant la guerre de Yougoslavie, lorsque de nombreux membres de la communauté vivant dans la région ont témoigné de leur expérience de destinataires de bombes ni-si-précises-ni-si-propres-que-ça. En mars 2002, la liste recense 2500 abonnés, mais le nombre de lecteurs des contributions est bien plus important. Nettime entretient sur son site web des archives publiques qui sont très visitées, et certains des abonnés sont eux-mêmes des listes. De plus, en tant que liste référente, beaucoup des contributions sont transférées par des abonnés individuels dans des listes plus spécialisées (ce qui constitue une autre forme de filtrage collaboratif de textes), sans compter les reprises par les médias électroniques et papier. La plupart des abonnés sont basés en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, mais le nombre de représentants des autres régions du globe est significatif [10]. Au fil du temps, des listes autonomes sont nées dans d'autres langues : néerlandais, roumain, espagnol/portugais, français et mandarin. Une version en japonais est en préparation. Malgré sa croissance et sa diversité, nettime a su conserver une culture cohérente ; et elle a développé un mélange original de bon sens technique et de critique des médias ancrée à gauche (leftist media critique), soulignant aussi bien l'importance des aspects sociaux et culturels des technologies que l'importance de l'art, de l'expérimentation et de la pratique individuelle. Cette culture commune s'est renforcée par une série d'actions comme des publications papier, dont une anthologie conséquente [11], et une tournée de conférences et de "meetings nettime" en Europe dans les années 1990. Depuis sa conception, la liste fonctionne avec majordomo, un gestionnaire de listes open source populaire à l'époque, associé à hypermail et au système d'archivage sur le web mhonarc. Ce qui a demandé très peu de développement. Au départ, et pendant trois ans, la liste est restée ouverte et non modérée, reflétant la cohésion très forte du premier cercle d'abonnés et l'esprit, resté très "club privé", de la netculture [ndt : culture commune élaborée par les premiers utilisateurs d'internet]. Toutefois, lorsque pourriels (spam) et flame wars [ndt : aussi appelées flamming ou fusillades, elles consistent à perturber les débats au sein d'une liste par des contributions agressives, répétitives et hors sujet] devinrent récurrents et que la détérioration du rapport signal/bruit commença à menacer la viabilité de la liste, la modération fut introduite. Modérer avec majordomo signifie que l'ensemble des contributions vont dans une file d'attente et que les modérateurs -appelés de manière inappropriée "propriétaires de la liste"- décident lesquelles passent dans la liste et lesquelles sont effacées. Cette configuration technique rend la modération opaque et centralisée. L'immense majorité des membres ne voit pas quelles contributions ont été refusées par la poignée de modérateurs. De façon bien compréhensible dans le cas de nettime, cela a entraîné quantité de discussions sur la censure et la "prise de pouvoir" par les modérateurs. Les discussions étaient particulièrement acrimonieuses dans le cas des envois encombrants d'ASCII-art et de spam-art, deux pratiques que l'on peut considérer aussi bien comme une expérimentation artistique avec le média que comme un envahissement destructeur de l'espace de discussion. Néanmoins, l'effacement du spam commercial était unanimement encouragé. Afin de rendre le processus de modération plus transparent, une liste supplémentaire, nettime-bold, fut initiée en février 2000. Par ce canal passent toutes les contributions de la file d'attente, avant même que les modérateurs les évaluent. Comme cette liste est, elle aussi, archivée sur le web, les membres peuvent voir par eux-mêmes les différences entre l'ensemble de ce qui est envoyé à la liste et ce qui est approuvé par les modérateurs. En plus d'améliorer la transparence de la liste, le fait d'avoir accès à l'intégralité des contributions donne aux membres la possibilité d'instaurer en parallèle des critères de modération alternatifs. En pratique, cela n'est encore jamais arrivé. Néanmoins, cette possibilité a changé le statut des modérateurs passant du rôle d'arbitres souverains à celui de "filtres de confiance". Cela a aussi ouvert la possibilité à la liste de bifurquer (forking), c'est-à-dire de se séparer en deux listes modérées de manière différente. Nettime est entièrement gérée par des bénévoles. Temps et ressources sont donnés. Les productions de nettime sont librement accessibles à tous, membres ou non-membres. Même les publications papier sont intégralement disponibles dans les archives de nettime [12]. Conformément à son histoire et à la diversité de ses membres, nettime a maintenu la règle selon laquelle ´ chacun est propriétaire de ses mots ª. Les auteurs décident eux-mêmes des droits de reprise de leurs textes même si, à franchement parler, il est bien difficile de contrôôler la postérité de son texte lorsqu'il a été envoyé à 2500 destinataires et archivé sur le web. Malgré ses nombreux avantages -facilité d'usage, faible niveau technique exigé des participants, acheminement direct des contributions dans la boîte aux lettres des abonnés- le format d'une liste de diffusion par mail est de toute évidence très limité lorsqu'il s'agit d'en venir à la création collaborative de savoir. La modération est indispensable dès que la liste atteint une certaine diversité et une certaine notoriété, mais l'exercice de cette modération est extrêmement contraignant. La solution adoptée par nettime, en instaurant une deuxième liste non modérée, n'a en rien changé la hiérarchie très stricte établie entre modérateurs et abonnés. Alors même que le degré d'implication est très variable (allant de la simple lecture (lurkers) à la participation régulière), les responsabilités sont strictement délimitées par les deux seuls statuts sociaux connus du logiciel (abonné ou modérateur). L'existence d'un canal additionnel n'a rien changé non plus à l'alternative binaire de modération : l'approbation ou l'effacement. Les fonctions sociales (social capacities) inhérentes au logiciel de gestion de listes restent assez rudimentaires, il en va de même pour les options applicables aux projets INT-OS qui utilisent ce système technique. < wikipedia > Wikipedia est une émanation de Nupedia. Nupedia -contraction de Gnu et Encyclopedia- vise à créer une encyclopédie de référence, inspirée et moralement soutenue par le projet GNU de Richard Stallman [13]. Cependant, n'était sa publication sous licence ouverte, le mode de fonctionnement de Nupedia est similaire à celui de l'édition classique. Des experts rédigent des articles qui sont ensuite évalués par un groupe d'éditeurs spécialisés (et qui peuvent être commentés par le public dans la section "articles en cours") avant d'être finalisés, validés et publiés. Ensuite, les articles sont figés. Vu la complexité de la procédure, il n'est pas étonnant que le projet ait progressé à un rythme de sénateur. Wikipedia a été lancé début 2001 pour tenter de créer quelque chose de similaire -une encyclopédie libre qui serait finalement en mesure de concurrencer l'EncyclopÊdia Britannica- mais a été développé de façon différente et beaucoup plus ouverte. Les deux projets conservent des liens mais sont indépendants. Lorsque Nupedia ne dispose pas d'entrée pour un terme, il renvoie vers Wikipedia, et certaines personnes contribuent aux deux projets, même si ce n'est pas le cas de la majorité. Le système technique sur lequel s'appuie le projet se nomme Wikiweb, du mot hawaÔen Wikiwiki, qui signifie rapide [14]. Le logiciel d'origine a été développé en 1994, mais a été récemment réécrit afin de mieux encaisser la croissance en taille et en volume de Wikipedia. Wikiweb incorpore l'un des concepts originaux que Tim Berners-Lee avait imaginé pour le web : laisser les utilisateurs non seulement accéder au code source des pages qu'ils visitent, mais aussi leur donner la possibilité d'en éditer librement le contenu. Au bas de la majorité des Wikipages se trouve l'option ´ éditer la page ª avec laquelle l'utilisateur accède à un formulaire simple qui lui permet d'en modifier le contenu. Les modifications prennent effet immédiatement, sans contrôle d'un comité de lecture ou même de l'auteur original. Chaque page comporte aussi une fonction ´ historique ª qui permet aux utilisateurs de visualiser les modifications, et, si nécessaire, de restaurer un état antérieur de la page. Dans ce système, l'écriture et l'édition sont collectives et cumulatives. Un lecteur qui repère une erreur ou une omission dans un article peut immédiatement la corriger ou ajouter l'information manquante. Cette méthode permet au projet de croître non seulement en nombre d'articles, mais aussi en terme de profondeur des articles, une profondeur qui doit s'améliorer au fil du temps gr’ce aux enrichissements collectifs des lecteurs compétents. En cela, Wikipedia suit le credo de l'évaluation par les pairs tel qu'il se pratique dans l'Open Source : ´ s'il existe assez d'observateurs, tous les bugs sautent aux yeux ª, comme l'a formulé Eric Raymond. La validation et l'enrichissement étant publics et continus, il n'y a pas de différence entre versions bêta et finales d'une entrée (contrairement à Nupedia où la distinction existe). Les textes évoluent continuellement. La validation par les pairs se transforme en édition par les pairs, conduisant à ce que Larry Sanger, un des leaders historiques du projet, qualifie de ´ forme de publication la plus rel’chée ª. Considéré sous l'angle de sa croissance, le projet a été jusqu'ici un succès. Les 1000 pages ont été atteintes autour du 12 février 2001, et les 10000 articles vers le 7 septembre de la même année. Durant sa première année d'existence, plus de 20000 entrées ont été créées, soit un rythme de plus de 1500 articles par mois. Fin mars 2002, le nombre d'articles avait dépassé les 27000. La qualité de cette production est une toute autre question dont il est difficile de juger globalement. Une recherche aléatoire conduit à quelques articles de très bonne facture et à beaucoup d'autres qui laissent à désirer. Bien entendu, cela n'a rien d'étonnant compte tenu de la jeunesse du projet. Beaucoup d'articles sont plus des invitations à l'enrichissement que de réelles références. Pour le moment, de nombreux textes en sont au stade du brouillon, ce qui paraît compréhensible puisque le projet n'a encore qu'un an. Il reste à voir s'il parviendra jamais à maturité. Nupedia aussi bien que Wikipedia ont bénéficié du soutien de Jimbo Wales, le PDG de l'éditeur de moteurs de recherche Bomis, à San Diego (états-Unis), qui a fait don d'espace serveur et de bande passante. Le code d'origine a été réécrit par un étudiant de l'Université de Cologne (Allemagne), et, durant un peu plus d'un an, Larry Sanger a occupé un poste à plein temps de rédacteur en chef de Nupedia et de grand organisateur pour Wikipedia. En janvier 2002, les fonds se sont taris et il a démissionné. Larry contribue désormais à titre bénévole. Il existe aujourd'hui presque 1200 utilisateurs enregistrés, mais comme il est possible de contribuer anonymement, ce que font pas mal de gens, le nombre réel des contributeurs est très probablement plus élevé. Wikipedia n'a pas souffert de la démission de son unique contributeur salarié. Il semble que le projet ait atteint, du moins pour le moment, la masse critique nécessaire pour rester actif. Comme tout un chacun peut lire et écrire, l'éditeur rémunéré n'avait aucun statut particulier. Ses contributions valaient avant tout par sa connaissance du projet et parce qu'il avait plus de temps que quiconque pour éditer les articles, rédiger les règles de présentation générales et les FAQ. Son influence tenait entièrement à sa notoriété. Il pouvait, et il l'a fait, motiver les participants, mais il lui était impossible d'imposer quoi que ce soit à qui que ce soit. Les constituants de cette encyclopédie sont librement accessibles à tous. Les textes sont placés sous licence GNU FDL [15]. Celle-ci précise que les textes peuvent être copiés et modifiés pour tout usage, aussi longtemps que l'auteur original reste crédité de son travail et que le texte modifié hérite de cette même licence. Ce sont non seulement les textes individuels qui sont disponibles, mais aussi l'ensemble du projet -y compris le système technique- qui peut être téléchargé sous la forme d'un fichier unique pourinstallerunmiroir,consulterhorsligne,outouteautreutilisation. Ainsi, même l'administrateur système n'a pas le pouvoir de contrôler le projet. Le niveau d'engagement individuel des contributeurs dans le projet est hautement variable, allant du simple lecteur qui corrige une faute mineure, jusqu'à l'auteur qui entretient une entrée majeure, et jusqu'à l'éditeur qui améliore sans cesse les textes des autres. Ces différents rôles dépendent entièrement de l'implication de chaque contributeur et ne correspondent à aucune forme de configuration de l'outil. Chacun dispose des mêmes capacités d'édition. Contrairement à ce qu'on aurait pu craindre étant donné les possibilités d'édition laissées à chacun, le projet a jusqu'ici peu souffert du vandalisme. Il y a plusieurs raisons à cela. Les auteurs et les contributeurs qui ont fait l'effort de créer une entrée ont tout intérêt à ce que leur travail soit entretenu et amélioré. L'existence d'une fonction "historique des changements" permet de rétablir assez simplement dans un état antérieur les pages endommagées. La dernière version du logiciel comporte même une fonction qui permet d'alerter ceux qui en font la demande chaque fois qu'une page donnée est modifiée. De plus, le projet conserve son caractère communautaire, du coup il existe un sentiment partagé de la valeur de cette ressource et de la nécessité de l'entretenir à bon escient. Dans le cas de graves divergences sur le contenu, il est souvent plus facile de créer une nouvelle entrée que de se battre contre celle qui existe déjà. C'est l'un des grands avantages du travail dans un espace infini. Jusqu'ici, l'autorégulation fonctionne plutôt bien. Il reste à voir combien de temps le taux de croissance actuel pourra être maintenu, et si le système permet réellement d'aboutir à des articles de qualité. Les perspectives sont prometteuses, mais il existe très peu d'exemples de préservation à long terme du dynamisme d'un projet ouvert de ce type. Si l'on considère que le concurrent déclaré de Wikipedia, l'EncyclopÊdia Britannica, a connu sa première édition en 1768, il est clairement indispensable que le projet se développe dans la durée. < NoLogo.org > NoLogo.org est sans doute le plus en vue des slash sites de deuxième génération. Cela en fait un bon exemple de la façon dont une expérience INT-OS, servie par un code spécifique, en arrive à un état de développement tel qu'elle peut être répliquée dans d'autres contextes avec une relative facilité. NoLogo.org est basé sur la plus récente des versions stables de Slashcode, un système technique Open Source livré sous licence GPL par la communauté Slashdot, qui le développe et l'utilise pour elle-même. Slashdot est le plus connu et le plus évident exemple d'INT-OS tout simplement parce qu'il est l'un des principaux sites d'information et de discussion du mouvement Open Source. Le processus de modération collaboratif inclus dans le code est de toute première importance pour l'INT-OS. Ceux qui participent avec des informations ou des commentaires de qualité sont récompensés par du "karma", soit tout simplement un système à points qui permet à chacun de construire sa notoriété. Lorsqu'un utilisateur a accumulé assez de points, il peut assumer plus de responsabilités, jusqu'à être considéré comme suffisamment fiable pour modérer les contributions des autres. Toutefois, les points ont une durée de vie limitée. Si un utilisateur cesse de participer, ses droits disparaissent. Chaque contribution peut être notée par les différents modérateurs, la note finale, de -1 à +5, correspondant à la moyenne des notes exprimées. Les meilleures contributions sont celles qui reçoivent de bonnes notes de plusieurs modérateurs. Cette approche aboutit à une sorte de double processus d'évaluation par les pairs. Le premier est la discussion elle-même, lorsque les utilisateurs débattent entre eux, le deuxième est le classement unique attribué à chaque contribution. Cette approche de la modération résout très élégamment plusieurs des problèmes qui empoisonnent les listes de diffusion. Premièrement, le processus de modération est collaboratif ; aucun modérateur ne peut individuellement imposer ses préférences. Deuxièmement, la modération s'exprime par le classement plutôt que par l'effacement ; même les contributions notées -1 restent accessibles en lecture. Troisièmement, les utilisateurs fixent leurs préférences individuellement plutôt que de laisser le modérateur les fixer pour eux. Certains se réjouissent de l'étrange univers des contributions -1 tandis que d'autres préfèrent se cantonner à celles qui ont été classées +5. Au final, le niveau d'implication se base sur la notoriété (sur le karma) et reste variable. Du fait que la modération est collaborative, il est possible d'attribuer les droits de modération automatiquement, les modérateurs n'ayant que très peu de contrôle sur le système. Les modérateurs qui continuent de gagner des points gr’ce à un travail constant et de qualité peuvent "métamodérer", soit classer les autres modérateurs, ce qui ajoute encore une couche de feedback. Le potentiel d'organisation sociale inclus dans Slashcode existait déjà lorsque NoLogo : La tyrannie des marques, le livre de Naomi Klein paru en janvier 2000, devint un best-seller planétaire. à la suite des manifestations antimondialisation de Seattle, en novembre 1999, le livre se vendit par dizaines puis par centaines de milliers. Naomi Klein se trouva prise dans un conflit entre anciens et nouveaux médias, et dšt affronter un problème personnel. Un livre est une forme très hiérarchisée et centralisée de communication : un seul auteur, de très nombreux lecteurs. C'est un modèle centralisé dans la mesure où les lecteurs établissent une relation avec l'auteur tout en restant isolés les uns des autres. Ce déséquilibre propre au modèle de diffusion de masse (broadcast) ne pose habituellement pas de problème puisque les lecteurs n'ont aucun moyen de communiquer efficacement leurs réactions. Aujourd'hui cependant, beaucoup de lecteurs ont une adresse mail, et ils trouvèrent celle de Naomi sur le web. Elle commença à recevoir des messages en masse, assortis d'appels à commentaires, de demandes de conseils et d'informations. Elle n'avait aucune possibilité de lire sérieusement chacun de ces messages et d'y répondre correctement. Le déséquilibre entre les besoins exprimés par le public et les capacités de l'auteure était trop important, d'autant plus que Naomi n'était absolument pas intéressée par le statut de leader ou de gourou du mouvement antimondialisation. (évidemment, cela n'a pas empêché les médias de continuer à la présenter ainsi, même sans son consentement.) Voici comment elle explique l'idée qui sous-tend NoLogo.org :
Le livre, qui a touché une corde sensible chez beaucoup de gens, a initié une communauté globale et distribuée de lecteurs isolés. Le livre procura un point de ralliement, mais nulle part où aller sinon auprès de l'auteure. Le site web, basé sur le programme Slashcode, a apporté un système technique prêt à l'emploi qui a permis aux lecteurs de se rendre visibles les uns aux autres et de casser l'isolement où le livre les avait confinés. Le livre et le système INT-OS sont complémentaires. Le livre est une actualisation temporaire et personnelle d'un mouvement aussi fluide qu'hétérogène. L'analyse cohérente que l'auteur traditionnel peut produire conserve un intérêt certain. Le système INT-OS, de son côté, est un révélateur de la multiplicité et du dynamisme du mouvement, une façon de rendre quelque chose aux lecteurs (et aux autres) en même temps qu'un processus d'apprentissage collaboratif. Plus que le livre, NoLogo.org marie action et réflexion. Bien entendu, tous les problèmes liés aux forums publics sont présents ici, la dissidence, parfois virulente et destructrice, s'exprime mais le processus de modération permet aux membres du groupe de gérer les divergences d'opinion sans porter atteinte à la vitalité des forums. Le processus d'apprentissage de Slashdot, qui a permis de savoir comment gérer ces questions, a considérablement profité à NoLogo.org. Durant la première année, 3000 utilisateurs se sont enregistrés sur le site, lequel reçoit 1500 visiteurs uniques par jour.
L'avenir de l'INT-OSL'Intelligence Open Source, en tant que pratique singulière, est encore assez récente et doit affronter quelques défis. Premièrement, la question d'échelle. Comparés aux médias de masse traditionnels, les projets INT-OS sont encore très modestes (à l'exception de Slashdot qui recense environ un demi-million d'utilisateurs enregistrés) [17]. Compte tenu du fait que taille et visibilité influencent significativement les dynamiques sociales, beaucoup de projets risquent de connaître une croissance à problème. Deuxièmement, la question économique. La plupart des projets INT-OS reposent sur le seul bénévolat. Les ressources sont données. Wikipedia, par exemple, dépend de Bomis Inc. pour ses machines et sa bande passante. NoLogo.org est financé par les droits d'auteur provenant des ventes du livre. La plupart des projets INT-OS n'ont encore généré aucun revenu suffisant à couvrir leurs frais de structure. Jusqu'à présent, ils ont compté avec bonheur sur les dons (d'individus, d'entreprises ou de fondations bienveillants), mais la crise prolongée de l'économie d'internet risque de compliquer la collecte de fonds, collecte qui devient d'autant plus cruciale que les projets croissent en taille et demandent de plus en plus de matériel et de bande passante. Comparés aux modèles traditionnels de production et de publication, les projets INT-OS se situent en grande partie hors de l'économie de marché. Les contributeurs, dans l'ensemble, ne sont pas motivés par l'app’t du gain. Cependant, toutes les ressources ne pouvant s'obtenir sans argent, il est nécessaire d'inventer de nouveaux modèles économiques pour ce type de projets. Slashdot, par exemple, qui a pendant longtemps compté sur la publicité comme principale source de revenus, a dš récemment augmenter la taille de ses bannières afin de continuer à couvrir ses cošts. Par ailleurs, le site a proposé à ses utilisateurs d'accéder à une version sans publicité moyennant un modeste abonnement. Il est probable que d'un point de vue économique les projets INT-OS se développeront selon un modèle hybride associant revenus directs (publicité, abonnement), dons et bénévolat. L'équilibre entre ces différentes sources variera d'un projet à l'autre. Il y a assez de place pour tenter toutes les expériences. Malgré ces défis, il existe de bonnes raisons d'être optimiste pour l'avenir de l'INT-OS. Premièrement, le processus d'apprentissage socio-technique s'intensifie. Les systèmes techniques et les pratiques de l'INT-OS sont de mieux en mieux compris, et par conséquent les conditions d'accès sont de plus en plus réduites pour les utilisateurs comme pour les organisateurs. Du côté des utilisateurs, la connaissance tirée de l'expérience des médias participatifs, opposés aux médias de masse, se renforce. Leurs caractères distinctifs sont développés, maîtrisés et appréciés. Du côté des organisateurs, la connaissance tirée de l'expérience de l'INT-OS est incorporée dans des logiciels GPL sophistiqués, libres et gratuits. Les cošts initiaux pour de nouveaux projets sont minimes, et les possibilités d'adaptation du système technique aux besoins particuliers de chaque projet sont maximisées. La diversité qui en découle enrichit en retour le processus d'apprentissage collaboratif. Deuxièmement, alors que les médias de masse se concentrent aux mains d'un nombre toujours plus réduit de conglomérats, qui promeuvent et contrçôlent implacablement leurs innombrables productions, le besoin pour des sources d'information alternatives augmente, du moins chez ceux qui investissent temps et intelligence pour s'informer en conservant un esprit critique. Vu l'économie des médias de masse financés par la publicité, il paraît clair que la possibilité de créer des journaux alternatifs est passablement limitée. Les systèmes techniques INT-OS, en répartissant les t’ches au sein de la communauté, permettent d'atteindre une vaste audience sans souffrir des contraintes économiques que les médias audiovisuels ou presse supportent pour vendre ces audiences aux annonceurs, surtout si l'on considère que les abonnements payants donnent accès à des versions sans publicité. Plus les médias de masse traditionnels se ressemblent, plus il y a de place pour des solutions alternatives. Pour être viables, ces solutions ne doivent pas se contenter d'être productrices de contenus alternatifs, elles doivent également s'interroger sur leur mode de production. Là se trouvent le potentiel et la promesse de l'INT-OS. Il existe autant de technologies que de communautés, et le lien entre les deux est très fort. Les technologies, tout comme les communautés humaines, permettent certaines formes de fonctionnement et interdisent d'autres. Comme le soulignait Lawrence Lessig, le code informatique est au monde numérique ce que l'architecture est au monde physique [18]. La façon dont nous vivons et les structures dans lesquelles nous vivons sont étroitement liées. La culture de la technologie devient de plus en plus la culture de notre société.
à propos des auteurs Les auteurs participent à certains des projets analysés dans cet article. Felix Stalder est actuellement l'un des modérateurs de la liste nettime (nettime-1). Jesse Hirsh est très impliqué dans NoLogo.org. Remerciements Une version antérieure de cet article a été présentée lors de la conférence Critical Upgrade : Reality Check for Cyber Utopias (Zagreb, 4 et 5 mai 2002). à propos des traducteurs Renaud Bonnet et MichaÎl Thévenet ont traduit cet article, paru pour la première fois dans le numéro de juin de First Monday (http://www.firstmonday.org/issues/issue7_6/stalder/index.html). Les traducteurs remercient les auteurs pour leur relecture et leurs éclaircissements. Notes [1] Nous employons le terme Open Source en raison de son caractère ouvert. Contrairement au terme plus étroit Free Software, Open Source semble adapté à la qualification d'une approche collaborative générale, dépassant le développement de logiciels. Nous reconnaissons l'existence de différences historiques et idéologiques entre ces deux concepts, mais nous pensons que dans le contexte du présent article elles sont d'importance secondaire. [2] http://www.zakon.org/robert/internet/timeline/#1970s. [3] Tim Berners-Lee et Mark Fischetti, 1999. Weaving the Web : The Original Design and the Ultimate Destiny of the World Wide Web by its Inventor. New York : HarperCollins. Non traduit en français. [4] Lawrence Lessig, 2001. The Future of Ideas : The Fate of the Commons in a Connected World. New York : Random House. Non traduit en français. [5] Max Weber, 1954. Max Weber on Law in Economy and Society. Translated by Talcott Parsons. Cambridge, Mass. : Harvard University Press. [6] Eric Raymond, 2000. Homesteading the Noosphere, sur http://www.tuxedo.org/ esr/writings/cathedral-bazaar/homesteading/x349.html. Traduction française d'une version antérieure par Sébastien Blondeel et Emmanuel Fleury sous le titre à la conquête de la noosphère, sur http://www.linux-france.org/article/these/noosphere/homesteading-fr.html. [7] Lawrence Lessig (2001). [8] Souvent, mais pas toujours, ces principes sont codifiés par des licences qui définissent le cadre d'utilisation des produits informationnels qu'elles protègent. Pour un survol de ces différences licences voir la liste de l'Open Source Initiative, sur http://www.opensource.org/licenses/index.php. Non traduit en français. [10] http://amsterdam.nettime.org/Lists-Archives/nettime-l-0203/msg00080.html. [11] J. Bosma, P. Van Mourik Broekman, T. Byfield, M. Fuller, G. Lovink, D. McCarty, P. Schultz, F. Stalder, M. Wark, et F. Wilding (sous la direction de), 1999. Readme ! Ascii Culture and the Revenge of Knowledge. New York : Autonomedia. Non traduit en français. Disponible en ligne au format PDF sur http://www.medialounge.net/lounge/workspace/nettime/DOCS/zkp5/intro1.html. [12] http://www.nettime.org/pub.html. [13] http://www.gnu.org/encyclopedia/free-encyclopedia.html. Non traduit en français. [14] http://www.wiki.org. Non traduit en français. [15] http://www.wikipedia.com/wiki/GNU+Free+Documentation+License. Non traduit en français. [16] http://www.nologo.org/letter.shtml. Non traduit en français. [17] Les projets INT-OS trouvent leur place sur Internet, où ils ne peuvent pas encore atteindre une audience aussi vaste que celle des médias audiovisuels. [18] Lawrence Lessig, 1999. Code and Other Laws of Cyberspace. New York : Basic Books. Non traduit en français. |
felix stalder
jesse hirsh |